L'évolution De La Théorie Du Progrès Et Développement Dans La Pensée Arabe : Une Vision Analytique Et Critique De L'ouvrage De Foued Khalil « La Pensée Arabe De La Renaissance : La Fracture Structuraliste» Résumé-Pourquoi les pays arabes ont perdu leur hégémonie qu'ils ont pu concrétiser depuis le septième siècle ? Cette question est d'une grande importance car elle demeure jusque-là une question d'actualité à laquelle il faut trouver une réponse. Fouad Khalil a essayé de nous donner quelques éléments de réponse dans son ouvrage intitulé « la pensée arabe de renaissance : la fracture structuraliste». Toutefois, selon le point de vue d'un économiste les arguments avancés dans ledit ouvrage manquent, à notre avis, de certains aspects méthodologiques et analytiques qui peuvent réduire l'efficacité d'analyse présentée par l'auteur. Le présent article essaye, en premier lieu, de présenter l'ouvrage et, en second lieu, de discuter et critiquer ses apports en matière de résultats trouvés. # Motsclés: développement, progrès, fracture structuraliste, mouvement. # I. # Introduction Générale est communément admis que la question de progrès et développement (PED) n'a cessé de susciter l'intérêt des penseurs depuis l'ère de la renaissance. L'importance accordée à cette question trouve ses fondements au niveau de trois facteurs fondamentaux. Le premier traduit la volonté de ces penseurs à l'élaboration d'une théorie aussi bien rétrospective que prospective qui permet de déterminer les différentes variables explicatives du progrès et développement. Certes, si la théorie rétrospective paraît souvent simple à concevoir (étant donné qu'elle se rattache à des faits qui sont d'ores et déjà réalisés), une théorie prospective se veut difficile à formuler soit sur le plan théorique ou même méthodologique. Le second facteur réside dans la spécificité de la question de PED par rapport aux autres questions de réflexion théorique ou méthodologique. En effet, les questions portant sur la politique, la sociologie, la psychologie, la religion ou autres disciplines sont des questions qui visent la recherche d'une règle de conduite, d'un système politique optimal, d'une organisation sociale efficace ou toutes autres finalités déterminées à priori. Cependant, l'idée de PED soulève une problématique tout à fait différente. Il s'agit bel et bien de la recherche d'un changement de structures productives, mentales, sociales, politiques et mêmes religieuses qui, une fois réalisé (c'est-à-dire le changement), peut aboutir à un développement effectif. Le troisième facteur que, nous considérons comme le plus important est relatif à l'aspect dynamique de la question du PED. Cette dernière ne peut être définie que dans un cadre spatio-temporel en perpétuel mouvement et changement. En somme, nous pouvons dire que la question du PED est stratégique et centrale soit en tant que sujet de réflexion théorique ou en tant qu'objectif économique et social largement sollicité. Dans ce contexte général se trouve élaborer notre travail qui étudiera le problème du PED dans les pays arabes tout en se référant essentiellement à l'ouvrage de Fouad Khalil intitulé « la pensée arabe de la renaissance : la fracture structuraliste». # II. La Problématique De L'ouvrage L'ouvrage que nous allons explorer est intitulé « la pensée arabe de renaissance : la cassure structuraliste » écrit par Fouad Khalil (en langue arabe) et publié par Dar Al -Farabi en [2002]. L'ouvrage est subdivisé en quatre chapitres qui se présentent comme suit : le premier essaye de donner au lecteur une revue de littérature sur l'ensemble des écrits et des auteurs qui ont traité la question de progrès et de développement dans la pensée arabe. Le second chapitre traite le problème de la cassure structuraliste et dans lequel l'auteur essaye de localiser la problématique de développement dans le monde arabe comme étant une résultante de deux structures sur la pensée libérale dans le monde arabe et dans lequel l'auteur a essayé de présenter les principaux penseurs libéraux ainsi que leurs principales thèses et de démontrer en quoi ces théories demeurent toujours inactives et inaptes à l'explication et à la participation dans la production d'un « réel arabe » plus prospère . Ainsi, l'auteur a visé quatre approches formulées par Albert Hourani, Fahmi Jadaan, Wajih Koutharani et Mohammed Abed El -Jabri. Ces auteurs ont essayé de mettre l'accent : -Sur l'importance que doit accorder la pensée arabe à la question du progrès et développement tout en gardant leur identité et leur religion intactes (Albert Hourani). -sur les difficultés de la mise en place un modèle qui permet d'équilibrer le progrès à l'identité (Fahmi Jadaan) -sur le fait que l'ère contemporaine doit se concilier parfaitement avec les ères précédentes afin de comprendre leurs limites et savoir leurs avantages ce qui permet de fonder une nouvelle société qui défend les valeurs de la liberté, la justice, le libéralisme et l'identité culturelle (originale et moderne) (Wajih Khoutharani). -sur l'existence, au sein du monde arabe, d'un double dualisme : horizontal et vertical. Le premier consiste en l'existence de structures nouvelles qui imitent directement les structures des sociétés européennes et secundo en l'existence de structures anciennes pré modernes. Le second dualisme consiste en l'existence de deux cultures différentes : La culture rurale et la culture citadine (M. Abed Eljabri). En effet, le sultanat Ottoman dont le système économique était féodal avait généré des structures productives incluant des contradictions énormes entre les différentes formes de propriétés. Dans ce contexte général caractérisé par une crise généralisée du système économique du Sultanat s'était produit le choc avec l'Europe capitaliste. Cette dernière a pu créer une double innovation. La première c'est son adoption d'un système économique capitaliste qui va jouer, selon l'auteur, un rôle moteur dans le développement économique des grands pays capitalistes. Le capitalisme, basé sur l'accumulation extensive de capital permettra de mener une reproduction élargie qui, à son tour, va contribuer à des politiques de redistribution visant la justice redistributive et le bien -être des individus. De même, ce capitalisme a généré, politiquement, des Etats nations modernes qui dérivent leurs bases de légitimité auprès des individus et leurs origines légales auprès des constitutions et des droits naturels. Un tel système a rendu l'individu un être central est stratégique au niveau de la prise de décision politique. représentait une méthode de vision au monde (individu, société, Etat, économie etc.). Ainsi, une Europe logique, rationnel et cohérent submergeait. Dans ce contexte, le sultanat Ottoman était encerclé voire handicapé par deux structures dominantes : une structure féodale archaïque et une structure capitaliste moderne issue de l'Europe. Conséquemment, la société Ottomane s'est trouvée bifurquée en deux structures totalement contradictoires : Une structure capitaliste, intruse « moderne » qui n'a pas des fondements dans le monde réel et une structure historique qui ne peut pas être contemporaine. De ce fait, une cassure structuraliste profonde s'était produite dans le tissu social des pays arabes. L'hégémonie des pays européens sur les pays arabes a généré des dualismes dans l'économie des pays arabes qui se manifestent par un dualisme économique (secteurs développés secteurs traditionnels ; secteurs formels, secteurs informels?etc.), un dualisme social (cohabitation de la bourgeoisie capitaliste avec les féodaux rentiers, les travailleurs avec les décimateurs, etc.) et un dualisme politique (démocratie formelle et despotisme). La colonisation a participé à la création et au renforcement de ces dualismes, en plus elle a essayé de diviser le monde arabo -musulman en unités politiques microscopiques qui servent le mieux l'intérêt des colonisateurs (c'est-à-dire l'Europe sans tenir compte des intérêts avoués par les sociétés arabes. L'auteur pensait que la cassure structuraliste traduit l'incapacité des nouvelles structures à réaliser l'intégration sociale au sein des sociétés arabes. Ainsi, deux choix sont possibles : soit la dépasser vers la constitution d'une expérience nouvelle de PED soit s'abstenir et se contenter de reproduire les modèles étrangers. En ce qui concerne le premier choix, l'auteur pense qu'il soit possible lorsque les pays arabes parviennent à mener une restructuration économique, politique et culturelle. Le second choix consiste en l'imitation d'un modèle pré établi de modernisme qui est, selon l'auteur, inexistant soit sur le plan de la pensée soit sur le plan réel. expériences de développement on n'a pas abouti à un modèle unique et efficace. Secundo, la richesse de l'ouvrage, aussi bien, en termes d'informations que d'analyse (une revue de littérature exhaustive et une analyse approfondie). Enfin, l'adoption d'un point de vue socio-économico-historique, constitue, certes un enrichissement scientifique considérable surtout que les autres travaux portant sur ce type de problématiques ont mené des études à caractère absolu (un seul pays), instantané (un horizon fini de temps) ou unidimensionnel (approche historique, sociologique ou économique exclusivement). # Critiques Et Commentaires Cependant, la question qui se pose à ce niveau d'analyse est la suivante : l'auteur est il parvenu à résoudre et à atteindre les bouts de sa problématique ? A notre avis la résolution d'une problématique similaire à celle posée par l'auteur ne peut, en aucun cas, être limitée ou véhiculée exclusivement par une approche sociologique. Autrement dit, étudier les causes de sous développement des pays arabes seulement en adoptant le point de vue sociologique est loin d'élucider la réalité d'un phénomène multidimensionnel (technologique, économique, sociologique, politique, philosophique, culturel? etc.). Le résultat du choix préconisé par l'auteur s'est matérialisé au niveau de son analyse qui s'est limitée à l'explication des changements socio -économiques qu'a connus le monde arabo -mesulman durant les quatre derniers siècles. L'auteur s'est contenté d'une analyse rétrospective et statique. Dés lors, deux questions centrales demeurent sans réponse : Comment les pays arabes parviennent-ils actuellement à réaliser le progrès et le développement qu'ils espéraient depuis l'avènement du capitalisme ? Dans quelles mesures ces pays pourront rompre avec le sous -développement tout en construisant un modèle de PED qui leurs est propre ? Et bien que ces questions soient les plus importantes à traiter dans de telles problématiques, l'auteur n'a pas essayé de leurs y apporter des réponses et s'est contenté des aspects critiques, analytiques et descriptifs. D'un point de vue pragmatique cet ouvrage permet-il de doter les décideurs d'une stratégie de développement claire, pratique et efficace ? La réponse est à priori négative car l'auteur n'a pas pu pénétrer cet horizon pour, au moins, deux raisons fondamentales. La première est d'ordre méthodologique qui se manifeste dans la nature même du point de vue sociologique qui ne permet pas d'aborder l'aspect prospectif et prévisionnel d'un problème dynamique comme le PED. La deuxième raison réside au fait que l'auteur a traité la pensée arabe de PED tout en évitant de lui apporter des solutions. Il s'est déconnecté totalement de l'état de PED dans les pays arabes de telle sorte que le lecteur se trouve, souvent, confronter à des termes ambigus, nuancés et non quantifiables : développement, progrès, changement, structures. D'un autre coté, tout en menant une analyse comparative entre la pensée arabe et la pensée occidentale l'auteur a remarqué que la problématique de PED a pris plus d'ampleur dans l'occident que dans le monde arabo-musulman. En effet, F. Khalil a baptisé son analyse sur la cassure structuraliste qui a caractérisé le monde arabe et qui détermine, selon son avis, la cause principale et stratégique du sousdéveloppement de ces pays. Toutefois Ainsi, pourquoi le monde arabe a échoué là ou l'Europe réussissait ? Les arguments exposés dans l'ouvrage de F. Khalil paraissent peu défendables bien qu'ils soient parfois logiques. Et même si nous supposons la véracité de ses arguments nous pouvons s'interroger davantage : pourquoi des pays si pauvres et si surpeuplés comme l'Inde, la Chine et les pays du Sud-Est asiatique ont pu et ont su éviter les cassures dont l'auteur suppose qu'elles soient l'origine de sous développement dans le monde arabe. A mon avis, lorsqu'on expose le problème de cette façon nous nous rendons compte qu'il existe des mailles perdues dans la chaîne analytique de l'auteur. Egalement, pour franchir cette cassure structuraliste l'auteur pense que le PED dans les pays arabes est une option possible à condition que ces pays parviennent à mener une restructuration basée sur de nouveaux fondements: indépendance économique, politique et culturelle. Cependant, l'indépendance est elle possible dans un monde intégralement ouvert ? A priori, la réponse serait négative surtout dans un environnement économique qui prône l'ouverture économique et le laisser faire. Toutefois, les Etats et gouvernements arabo musulmans sont invités à consolider leurs indépendances politiques et culturelles ce qui leurs permet de tirer profit de l'économique et de promouvoir les valeurs qui sont propres à nos pays. Cependant, et bien que l'auteur ait pu surfer la littérature qui a penché sur son thème de réflexion, il n'a pas pu déterminer une nouvelle pensée qui peut réagir contre la cassure structuraliste qui a caractérisé le monde arabo-musulman. Par conséquent, la réussite de l'auteur dans l'explication du problème de sous développement n'était pas contrebalancée par une réussite similaire au niveau de la proposition de nouveaux modèles permettant la franchise de cette cassure. Et même lorsqu'il a évoqué des solutions tournant autour de l'indépendance économique, sociale et politique, il a convergé vers des solutions, jugées à l'heure actuelle, peu conformes à la réalité contemporaine. En effet, comment peut-on parler d'indépendance alors que tout le monde prône et exhorte l'interdépendance, parler de protectionnisme alors que le consensus mondial s'est penché pour l'ouverture ? Le PED est un problème très simple à diagnostiquer, difficile à analyse et à résoudre. Dés lors, pour le franchir il faut une politique qui vise sur le plan économique l'enrichissement du pays via la spécialisation dans des secteurs productifs ayant les avantages comparatifs les plus élevés. L'enseignement, la santé, l'infrastructure sont les outils de développement qui, une fois bien menés, parviennent à relancer le développement et créent le progrès. L'individu formé, éduqué et novateur peut véhiculer ce progrès et peut le pousser à ses limites les plus éloignées. Ainsi, il sera plus commode de repenser la problématique de PED en mettant l'accent sur la promotion de l'individu supposé être le moteur de tout développement effectif. Il s'ajoute à cela l'importance qu'on doit accorder à la préservation de l'identité et des valeurs qui nous sont spécifiques. L'ouvrage de F. Khalil constitue une nouvelle maille qui s'ajoute à la littérature et à la pensée arabe traitant la question du PED dans ces pays. L'importance de l'ouvrage est connotée à la spécificité du sujet de réflexion abordé par l'auteur et qui intéresse aussi bien les nations et les Etats que les individus. L'auteur a essayé, à partir de son ouvrage, de relire la question du V. # Conclusion Générale ![structure féodale de l'Empire ottoman et Authors ? ? ?: Ecole Supérieure dEconomie Numérique Tunisie; ISET Gafsa & FDSP Tunis. e-mail: fakhriissaoui@yahoo.fr la structure capitaliste de l'Europe moderne. Le troisième chapitre a été consacré à l'exposition du courant religieux réformateur dans le monde arabe et dans lequel l'auteur a essayé de détecter la réforme dans la pensée arabe et de démontrer que cette ISSAOUI Fakhri (Abou Mayar) ? , ISSAOUI Torkia née Boussif ? & ISSAOUI Toumader ?](image-2.png "") III.La Problématique DeDéveloppement Chez L'auteur : LaCassure StructuralisteSelon l'auteur (F. Khalil) la problématique dedéveloppement, dans les pays arabes, réside au niveaud'une cassure structuraliste qui a caractérisé l'histoirede ces pays à partir de l'avènement du 19ième siècle.Cette cassure est la résultante d'un conflit qui s'estétabli entre l'Europe capitaliste et le sultanat Ottomanencore féodale.IV.En examinant l'ouvrage de F. Khalil nousremarquons facilement son importance vu qu'il renfermeun effort incontestable qui se résume au niveau de trois © 2013 Global Journals Inc. (US)