partir du début de la décennie 1950, Le tourisme connait un développement remarquable dans les pays développés lui assurant une des premières places dans le commerce international. En 1970, il connait une croissance qui porte ses exportations mondiales à 6,5% contre 3,4 % en 1950 (Diamond, 1977). Au début des années 1990, avec la reprise de la croissance économique mondiale en 1996, il est enregistré 592 millions de touristes internationaux. Les recettes issues des arrivées touristiques sont passées de 371 milliards de dollars en 1995 à 423 milliards de dollars US en 1996 selon l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). La création d'emplois générée par cette industrie se chiffre au cours de l'année 1993 à 213 millions représentant 10,2% de l'emploi mondial (World Tavel & Tourism). Et selon la même source, la création d'emplois dans ce secteur d'activité passe à 385 millions en 2006.
Cette performance notable du tourisme au niveau mondiale reste marquée par une forte inégalité au niveau de la répartition des flux selon les pays et les continents. Les pays industrialisés, principalement les pays européens reçoivent près de 60% du total mondial des arrivées touristiques internationales avec autant de création de richesse et d'emplois ( ). Les Pays en Développement (PED) qui reçoivent un peu plus du tiers de l'effectif mondial des touristes sont ceux principalement de l'Asie du Sud-est et du Pacifique qui enregistrent par ailleurs une croissance rapide des recettes (Vellas, 1996).
L'Afrique, bien que disposant des potentialités énormes avec la réputation d'être un continent qui offre dépaysement et exotisme à la clientèle en raison de la richesse de ses ressources naturelles et socioculturelles (nature, paysage, faune, flore, safari, soleil et plage), amorce tardivement le développement de l'industrie touristique. En 1996, les arrivées touristiques internationales et les recettes représentent respectivement 3.5% et 1.9% du total mondial selon l'OMT (1998). Les arrivées touristiques augmentent de 2.9% entre 1995 et 1996, passant de 19 millions à 19.6 millions, et les recettes qui sont de 6,980 millions de dollars US progressent de 9,2 % pour atteindre 7,621 millions de dollars US durant la même période (Vellas, 1996) Pour Cazes (1992), les emplois directs, indirects et induits créés par le tourisme international dans les PVD sont relativement importants. Cependant, seuls les emplois issus de l'hôtellerie peuvent permettre de dresser un état des lieux sur le niveau de la création d'emplois. Pour la moyenne des pays du Tiers-Monde, 75% des emplois résultant de l'hôtellerie internationale ne sont pas ou sont peu qualifiés (Cazes, 1992). Les postes élevés sont occupés par les expatriés qui bénéficient des traitements privilégiés et des salaires élevés par rapport aux employés locaux (H. Green in De Kadt, 1979). Selon l'OMT (2003), le Tourisme est aujourd'hui une des premières sources de recettes d'exportations et un levier de création massive d'emplois.
Dans cette perspective, nous pouvons considérer que le secteur touristique contribue à la création d'emplois dans l'Economie camerounaise malgré de multiples obstacles.
Pour mener cette étude, la méthode hypothéticodéductive nous semble appropriée car elle tente d'apporter des éléments de réponse à la question principale de recherche posée plus haut. Elle consiste d'une part à construire à partir des réponses théoriques au phénomène étudié et d'autre part à donner les informations sur le phénomène à partir des travaux empiriques menées sur ce secteur d'activité. En renforçant les liens du secteur avec d'autres secteurs de sa chaîne d'approvisionnement tels que l'agriculture, l'artisanat, le transport, les infrastructures, tout en soutenant une approche intégrée et en favorisant l'approvisionnement local, les initiatives dans ce secteur permettront de promouvoir la création d'emplois au niveau local et de contribuer à la réduction de la pauvreté, à l'insertion sociale, à l'intégration régionale et à l'épanouissement des populations locales.
En investissant dans le développement des compétences et en améliorant les conditions de travail en vue de rehausser l'image du secteur et la qualité du service, le secteur touristique peut apporter de l'amélioration des niveaux de vie des populations locales et à la création de nouveaux emplois décents et durables.
Vu la forte croissance du secteur touristique en termes de création d'emplois et de contribution au PIB au fil des dernières décennies, la réunion des ministres du Tourisme du G20 survenue en 2010 s'est fixé l'objectif d'inscrire ce secteur d'activité parmi les priorités mondiales et de débattre des atouts et des difficultés sous-jacents. En Afrique, 32,9 millions d'emplois seront créés grâce à l'industrie du tourisme et du voyage, d'ici les dix prochaines années. C'est ce qu'a annoncé le World Travel and Tourism Council (WTTC) dans son édition 2019 de l'impact économique du tourisme. Cette prévision vient confirmer la tendance en hausse des performances de l'industrie du tourisme en Afrique. D'après le rapport du WTTC, le secteur comptait environ 24,3 millions d'employés en 2018. Ce chiffre représentait 6,7% de l'emploi total du continent l'année dernière. L'organisation indique également qu'en 2019, l'Afrique attirera 81,3 millions de touristes internationaux. A titre de comparaison, l'Afrique n'avait enregistré que 67 millions d'arrivées touristiques en 2018, d'après l'OMT.
Les Economies africaines devraient continuer à bénéficier de l'afflux financier qu'entraine l'arrivée des touristes internationaux. Près de 58,5 milliards $ ont également été dépensés par ces derniers, ce qui représente 9,6% des exportations du continent en 2018. Le WTTC indique que 70% de ces dépenses ont été enregistrées dans le tourisme de loisirs, tandis que 30% concernaient le tourisme d'affaires. Le Cameroun, comme les autres pays africains a investi notamment dans les infrastructures hôtelières notamment dans les grandes métropoles de Douala et Yaoundé (Minresi, 2015) et continue de recevoir les touristes malgré les obstacles auxquels ce secteur fait face notamment la crise sécuritaire.
Ce nouveau rapport intervient alors que le continent connaît une vague d'investissements publics et privés dans le secteur touristique. La mise en oeuvre du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) de l'Union africaine est d'ailleurs l'un des projets les plus attendus pour le développement du secteur. Au total, le WTTC indique que le secteur du tourisme et du voyage a enregistré une croissance de 5,6% en 2018. Il a contribué à hauteur de 8,5% du PIB du continent. En 2018, les arrivées touristiques mondiales ont crû de 6% pour atteindre 1,4 milliard selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Cette performance qui fait de l'année 2018 la deuxième plus performante depuis 2010, a été tirée par les arrivées touristiques au Moyen-Orient et en Afrique qui ont respectivement crû de 10% et de 7%, bien au-dessus de la moyenne mondiale.
En Afrique, c'est l'Afrique du Nord qui s'en sort avec la plus forte croissance (+10%) contre 6% pour l'Afrique subsaharienne, portant ainsi le nombre d'arrivées touristiques du continent à 67 millions sur l'année écoulée. Grâce à ces performances record, l'OMT indique que le tourisme mondial a dépassé les prévisions réalisées dans son étude prospective à long terme publiée en 2010, qui prévoyait un franchissement du cap de 1,4 milliard de touristes pour 2020. La croissance du tourisme observée ces dernières années confirme que le secteur est aujourd'hui l'un des moteurs de la croissance économique et du développement selon Zurab Pololikashvili, le Secrétaire général de l'OMT (2015).
Pour les prochaines années, l'institution table sur une amélioration continue des performances du tourisme mondial, notamment en Afrique, alors que le continent connaît une vague d'investissements publics et privés dans le secteur touristique, qui devrait être boosté par le projet de Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) de l'Union africaine. Pour 2019, l'OMT prévoit une augmentation de 3 à 4% des arrivées touristiques internationales.
Les investissements dans les infrastructures (hôtels, routes, parcs et loisirs?) permet au secteur du tourisme de contribuer davantage à l'augmentation du produit intérieur brut, à la création d'emplois et au IV.
Le tourisme international est de nos jours, une industrie en pleine mutation dans les échanges Sous l'impulsion de cette croissance, l'activité touristique internationale vit une réelle effervescence car la croissance intensifie la concurrence (diversification et spécialisation des destinations, produits et activités touristiques), amène à la segmentation des marchés touristiques selon les besoins variés des clientèles et de leurs nouveaux intérêts, permet la concentration et l'internationalisation des grands acteurs en tourisme, et intègre des technologies. Tous les pays visent à accroître leur part du tourisme international et tous participent à cette reconfiguration (Forum de l'industrie touristique, 1997).
Le tourisme international dans les pays du Tiers-monde, jugé par certains comme une panacée et par d'autres comme une calamité sociale, est un outil de développement économique et social s'il est utilisé à bon escient. Les exagérations de ses effets par les uns et les autres sont dues à l'analyse séparée de ses impacts, chacun essayant d'appréhender le phénomène touristique sous l'angle de sa discipline. Toutefois, l'ampleur de ses problèmes liés aux stratégies de développement tournées vers l'extérieur, justifie la thèse de l'arrêt de son expansion. En effet, le modèle de développement dominant dans les PVD est le modèle macro-économique qui a permis l'élaboration de leurs politiques touristiques.
Conscient du rôle économique important du tourisme, les pays de l'Afrique Centrale (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale) et plus particulièrement du Cameroun ont intégré le secteur touristique dans la politique économique lutte contre la crise économique. Le Cameroun quant à lui a créé un Ministère en 1991. La politique économique élaborée par le gouvernement camerounais pour sortir son économie de la crise, oriente les activités touristiques vers les politiques macro-économiques qu'il mène.
touristes en 2017 (wiki, 2017). Le tourisme est |
développé dans certains pays du Continent avec une |
création d'emplois qui se chiffre à des millions offrant |
des avantages économiques énormes. |
. Une décennie plus tard, entre 2018 et 2019, l'OMT montre que les arrivées touristiques passent de 67 millions à 81,3 millions. Selon World Travel and Tourism Council (2019), il est prévu dans les dix prochaines années 32,9 millions de création d'emplois. S'étant rendu compte du rôle socio-économique pouvant jouer l'Industrie touristique dans son développement, le Cameroun fait de ce secteur d'activité un des leviers d'entrée des devises et de la lutte contre le chômage. A cet effet, un Département Ministériel est créé en 1991 et le tourisme s'inscrit dans toutes les politiques économiques élaborées par le Gouvernement (Ministère du Tourisme du Cameroun, 1994). Depuis lors, l'industrie touristique s'inscrit dans une phase de croissance portant le nombre de touristes à plus de 1 093 000 de visiteurs en 2016, contre 500 000 en 2013 selon Jumia Travel Report (2017). La même source indique qu'entre 2015 et 2016, le Cameroun crée 140.000 emplois dans le secteur du tourisme. L'emploi à l'actif de ce secteur représente 2,7 % de lquestion de savoir quel est l'apport de l'industrie touristique à l'Economie camerounaise en termes de création d'emplois ? a) Objectif de la recherche Cet article a pour objectif d'analyser la contribution de l'industrie touristique à la création d'emplois dans l'Economie camerounaise dans le contexte actuel marqué par une insécurité persistante dans les régions à fortes potentialités touristiques. Il cherche à montrer si la tendance à la création d'emplois dans ce secteur d'activité s'est poursuivie ou au contraire certains facteurs dont le phénomène d'insécurité dans les trois régions du pays a un impact sur cette activité en termes de création d'emplois à l'échelle nationale. En d'autres termes, ce travail permet d'appréhender l'évolution de la création d'emplois par le secteur du Tourisme au Cameroun afin de redéfinir la politique de développement de ce secteur d'activité. b) Bases d'hypothèse Les opinions concernant la création d'emplois par le secteur du Tourisme sont divergentes. Pendant que certains travaux de recherche dont celui de ( ) montrent que le niveau d'emplois créés par le secteur touristique international des pays du Tiers-monde reste faible pour la plupart des pays. D'autres analyses en revanche dont celle de ( ) montrent que les Pays En Développement (PED) notamment africains enregistrent une croissance des effectifs employés dans le secteur du Tourisme malgré les obstacles divers et variés. C'est ainsi qu'au Kenya, une des plus grandes destinations touristiques du Continent, le tourisme a, en 1988, généré plus de 9.0 % du total des emplois du pays. L'ensemble des emplois directs et indirects du tourisme est estimé à plus de 100, 000 dont 60% d'emplois dans l'hôtellerie et 20% d'emplois dans les Tours Opérateurs et Agences de voyages (N. Visser et Njuguna, 1992). En Gambie, ce secteur d'activité a créé en 1989, près de 7, 000 emplois directs et indirects dont 4, 000 dans l'hôtellerie et la restauration (Dieke, 1993). Les expériences des pays de l'Afrique du Nord montrent également que le secteur touristique est d'un grand apport en termes d'entrée des devises et de |
création d'emplois. En 2017, le Maroc est le pays le plus |
visité en Afrique avec plus de 11,35 millions de touristes, |
suivi de l'Egypte avec plus de 8,3 millions de visiteurs |
en 2017, et la Tunisie qui a compté plus de 7 millions de |
Year 2021 | |
Le tourisme contribue grandement à la création | |
d'emplois, en particulier pour les femmes, les jeunes, | |
les travailleurs migrants, les communautés rurales et les | |
populations autochtones et permet de créer de | |
nombreux liens avec d'autres secteurs d'activités | |
notamment le secteur artisanal. Et en conséquence, il | |
( ) | permet de réduire la pauvreté et de promouvoir le développement socioéconomique en proposant des |
emplois décents. Cependant, si le tourisme ne respecte | |
pas les cultures locales, c'est-à-dire s'il n'est pas | |
contrôlé sur le plan social, il peut avoir un impact négatif | |
sur les populations locales, leur patrimoine et leur | |
environnement et exacerber les inégalités. L'OIT (1995) | |
appuie la promotion d'un tourisme durable et | |
socialement responsable qui propose un travail décent. | |
Cet Organisme montre le Cameroun a accueilli cinq | |
cents mille touristes en 2010 (Nkafu Policy Institute, | |
2016) qui ont contribué à la création d'emplois et de | |
richesse. |
Year 2021 |
Volume XXI Issue I Version I |
( ) |
Global Journal of Management and Business Research |
économiques affectés par la crise économique | ||||
(Bibliographie | ||||
La revitalisation du secteur touristique vise le | ||||
rétablissement | des | grands | équilibres | macro- |
The Aims and Methodologies Used in a Study of Tourism. Planning Exchange 1978. 1978. (11) .
Le tourisme outil de développement économique, Direction de la recherche. Le tourisme, aspects théoriques et pratiques au Québec. Montréal: Sodilis 12, 1982. 1991. (Ministère du tourisme du Québec)
Espace Région et Système. Economica 1979.
La science des systèmes pour les plans régionaux de développement touristique. Les cahiers du tourisme, C-100, (Aix-en Provence
Concertation nationale sur l'environnement 15-16 juillet. Ministère de l'environnement et des forêts du Cameroun, (Yaoundé
Déclaration de Rio sur l'environnement. Action 1993. France : Publication des Nations-Unies. 21.
Models in Tourism Planning. Tourism Management 1986. 1986. 7 (1) p. .
Le tourisme mondial. Economica 1996.
Tourisme et Tiers-Monde. Un bilan controversé. Les Nouvelles colonies de vacances, (Paris
«L'influence économique du tourisme international dans les pays en voie de développement: L'exemple de la Côte-d'Ivoire. Les cahiers du tourisme, série B, N°, (Aix-En-Provence
IFDEC (Canada) (1989). Les éditions de L'épargne, (Paris
Integrated Planning, Madrid: OMT. Organisation Mondiale du tourisme 1978. 133.
A Comprehensive Approach to the Planning of the Tourist Industry. Journal of Travel Research 1975. 1975. 14 (2) p. .
New Directions in Tourism For Third World Development. Annals of Tourism Research 1996. 23 (1) p. .
Les Vacances et après? Pour une nouvelle compréhension des loisirs et des voyages. L'harmattan, (Paris
Enquête auprès d'un échantillon de ménages de la zone métropolitaine de Montréal. N° 3. Montréal: PUQ. Les cahiers du CRUR 1972.
Economie régionale et urbaine. Economica 1985.
Tourisme et développement des collectivités. Éditions ouvrières, Économie et Humanisme, (Paris
The Atlas of Africa. Jeune Afrique 1973. p. 190.